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Interview d'Alain Janolle, à propos d'Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus

Couverture de la BD Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus, parue aux éditions Grand Angle, en lisant l'interview de son auteur, Alain Janolle.

Comment êtes-vous devenu dessinateur ?

Je crois que mes premiers souvenirs sont des souvenirs de dessin. Je me rappelle d'un dessin sur le thème de la chèvre de monsieur Seguin fait en maternelle. Je pense que je ne suis pas devenu dessinateur, mais que j'ai toujours été dessinateur. Ou, en tout cas, que j'ai toujours eu une appétence pour le dessin. Tous les enfants dessinent quand ils sont petits. Et puis ça passe. On se découvre d'autres passions, d'autres envies et d'autres manières de s'exprimer. Moi, j'ai juste continué à dessiner parce que c'était la seule chose que j'avais vraiment envie de faire. Je n'avais pas envie de jouer au foot, ni de lire, ni de regarder la télé, j'avais juste envie de dessiner. Par la suite, soutenu par ma mère, j'ai intégré une école de dessin en fin de troisième. Le lycée Maximilien Vox. Vingt-cinq heures de dessin par semaine. Le rêve !

Si L'Aiguille creuse est bel et bien une adaptation du livre de Maurice Leblanc. Arsène Lupin contre Sherlock Holmes prolonge La Dame blonde et La Lampe juive, les deux livres du diptyque Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, de Maurice Leblanc. Le Dernier Secret de Nostradamus franchit un pas supplémentaire dans la liberté autour de l'œuvre de Maurice Leblanc. Pour vous, qui intervenez après la réalisation du scénario, est-ce que cela change votre approche, que l'œuvre soit un inédit inventé et non une adaptation ?

Absolument pas. Pour être franc, quand j'ai commencé à travailler sur Arsène Lupin contre Sherlock Holmes, je n'avais jamais lu Maurice Leblanc. (Je me suis rattrapé depuis). Je ne connaissais le personnage d'Arsène Lupin qu'à travers l'interprétation qu'en avait fait Georges Descrières dans la série télé des années 70. Je connaissais bien évidemment la personnalité d'Arsène Lupin, ce gentleman cambrioleur au grand cœur sans dieu ni maître, mais n'étais pas familier avec les romans. Pour moi, le plus important, c'est que les scénarii de Jérôme tiennent la route. Adaptation ou création. Et pour la tenir la route, ils la tiennent.

Chose rare dans une BD, deux pages en monochrome sépia résument ce qui s'est passé précédemment dans les aventures d'Arsène Lupin. Sur la tranche Grand Angle précise pourtant que c'est une histoire complète. Comment qualifieriez-vous cet album : histoire complète ou suite d'Arsène Lupin contre Sherlock Holmes ?

Les deux, mon général ! L'album se déroule un mois après les événements racontés dans le diptyque Arsène Lupin contre Sherlock Holmes, mais c'est une toute nouvelle histoire qui peut se lire séparément grâce justement à ce petit résumé en début d'album. Le personnage de Sherlock Holmes intervient au début de ce troisième album et l'éditeur a trouvé préférable de faire ce petit résumé afin de ne pas perdre le lecteur.

Pouvez-vous nous parler de l'escape game qui est offert pour l'achat d'une BD de la série ? Est-ce une entrée pour un escape game virtuel, un escape game papier avec des illustrations que vous avez réalisé ?

Tous les dessins figurants dans cet escape game sont des reprises de dessins que j'avais déjà faits. Je n'avais malheureusement pas le temps de faire des illustrations originales. C'est une petite enquête mystérieuse à résoudre en famille. L'enquête se passe à Paris. C'est un jeu de piste qui vous emmène à la découverte de différents lieux iconiques de la capitale. Mais vous pouvez tout aussi bien résoudre l'enquête chez vous. Tous les éléments pour le faire se trouvant dans l'escape game ou sur internet…

Comment avez-vous rencontré Jérôme Félix, le scénariste, et comment avez-vous travaillé avec lui ?

Je connais et suis admiratif du travail de Jérôme depuis longtemps. Depuis ma lecture d'Un Pas vers les étoiles, la BD qu'il a scénarisée chez Soleil avec Joël Parnotte au dessin. Je me souviens avoir dévoré ce récit intime et humaniste. Moi qui étais habitué aux comics et à la SF, j'ai reçu cet album comme une sorte de petite révélation. On pouvait aussi raconter ce genre d'histoire en BD. À l'époque, je travaillais avec le couple de scénaristes Ange, mais je me suis dit que si je devais choisir un autre scénariste avec qui bosser, ce serait Jérôme. Bien des années plus tard, j'ai croisé Jérôme au festival du livre de Caen. J'intervenais sur un conte dessiné qu'il avait créé et qu'il animait pour les gamins. On a sympathisé et, comme ça, en passant, mine de rien, je lui ai proposé mes services. Au cas où… Il m'a répondu pourquoi pas, mais sans rien définir. On a bu des coups, pas mal discuté de tout et de rien et puis on est rentrés chez nous. À peu près un an plus tard, j'ai vu passer une annonce sur Facebook. Jérôme cherchait quelqu'un pour dessiner une comédie romantique pour les éditions Bamboo/­Grand Angle. J'étais sur le début du tome trois de Fédération à ce moment-là. Sur les conseils de ma douce, je l'ai contacté. Il m'a envoyé le script, j'ai dessiné la première page en guise d'essai et ça a fonctionné. Jérôme et Grand Angle étaient partants pour me confier le dessin de l'album. Avant, je devais bien sûr terminer l'album sur lequel j'étais. Ce que j'ai fait. Et comme il n'y a pas eu de tome 4 de Fédération, j'ai enquillé sur cet album avec Jérôme : Ces Petits Riens qui changent tout.

Comment travaillez-vous le dessin et la couleur ?

Pour les deux tomes d'Arsène Lupin contre Sherlock Holmes, il fallait aller vite, j'ai donc travaillé en numérique sur Clip Studio Paint. Sur le tome 3, Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus, je suis revenu au traditionnel. Pinceaux et feutres sur papier. À l'ancienne. Étant fan de planches originales, j'avais envie d'y revenir. En ce qui concerne les couleurs, je n'ai pas le temps de les faire. Je laisse donc cette partie à celles et ceux dont c'est le métier et c'est très bien ainsi.

Quelles ont été vos inspirations pour le charadesign pour les personnages principaux de la série ?

Je suis arrivé sur la série un peu par hasard. Il fallait remplacer quelqu'un au pied levé. Je n'ai donc pas vraiment eu le temps de me pencher sur le charadesign des personnages. Mais pour Lupin, je me rappelle avoir pensé qu'il enfilait un costume pour vivre ses aventures. Un peu comme les super héros. J'ai donc été attentif aux mouvements de sa cape et à sa façon de se déplacer, un peu féline, sur les toits de la capitale. Après, pour son look global, il y a quand même un cahier des charges bien ancré dans l'inconscient collectif. Un passage obligé. Le haut de forme, le nœud papillon, le monocle, le costume noir… Et pour les autres personnages, je suis allé voir dans les trognes du cinéma français des années 50 pour trouver l'inspiration.

Combien de temps vous a demandé le dessin de l'album ?

Le tome 1 d'Arsène contre Sherlock m'a pris sept mois pile. Le tome 2 huit mois. Et le tome 3 un peu plus d'un an. Mais il fait 66 pages…

Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?

Je suis sur le tome 4 d'Arsène Lupin. Ce sera l'adaptation du Bouchon de cristal. Et ensuite, j'enchaînerai sur un tome 5, Le gentleman cambrioleur.

Le 3 décembre 2024