Interview d'Andréa Delcorte, à propos d'Alouette

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Alouette, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de son auteur, Andréa Delcorte.
Comment êtes-vous devenu auteur de bande dessinée ?
C'est après avoir traîné dans toutes les portes ouvertes d'architecture, de sciences, de beaux-arts que quelqu'un m'a parlé d'une école qui enseignait la bande dessinée. Avant cela, je n'imaginais pas que c'était possible, malgré le fait que je recopiais tous les mangas et les bandes dessinées qui me passaient sous le nez. C'est donc à l'ESA Saint-Luc Bruxelles que j'ai vraiment commencé à créer mes propres histoires.
Quel a été le point de départ d'Alouette ?
Alouette, c'est d'abord une première histoire courte que j'ai faite pour un ami qui a créé un fanzine de fantasy. Puis j'en ai fait une deuxième parce que le personnage me plaisait. Ensuite, j'ai décidé d'en faire un récit long qui a démarré avec cette image que j'avais d'un cercueil qui dérive sur l'eau et qui s'échoue sur une île/forêt. Et de cette caisse en bois sort un personnage, Alouette.
Avez-vous respecté les étapes traditionnelles de la réalisation d'une BD, à savoir synopsis, scénario, storyboard, crayonné, encrage, ou avez-vous shunté certaines étapes ?
Non, je suis passé par toutes ces étapes. On peut même ajouter la mise en couleur.
Comment avez-vous travaillé le scénario ?
Comme je l'ai dit, le scénario est parti d'une image puissante qui m'a porté tout au long de la construction du récit. Ensuite, je travaille mon scénario de manière un peu chaotique : j'écris, je dessine, je découpe des séquences-clés, je remets en forme, je redessine, je fais les séquences intermédiaires, je change d'avis et, bien sûr, je remets tout ça au propre pour pouvoir être lisible par mon éditeur.
Vous réalisez une histoire qui utilise de manière régulière le flashback. Avez-vous fait le scénario de la partie antérieure en une fois, ou avez-vous créé les flashbacks comme des éléments narratifs linéaires ?
Pour simplifier, j'avais cette séquence d'intro de la bande dessinée où Alouette, amnésique, sort de ce cercueil échoué sur une île. Pour Alouette, cet évènement se trouve au centre de sa chronologie. Ensuite, j'ai construit toute l'histoire d'Alouette dans l'ordre, en commençant par son passé. Ce n'est qu'à l'étape suivante, dans le découpage, que j'ai distillé des éléments de son passé dans la temporalité de base du récit sous forme de souvenirs.
Comment avez-vous travaillé le dessin ?
Je fais d'abord un crayonné, que je retouche si besoin sur ordinateur et que j'imprime très légèrement en bleu sur un papier épais. Ensuite, j'encre ce crayonné à la plume et à l'encre. Par après, je mets en couleurs les planches sur ordinateur.
Page 178, le lecteur découvre trois dessins d'Orville et d'Alouette. Page 179, rupture graphique avec le quatrième et dernier dessin, que l'on dirait colorié à la main. Est-ce un oubli de colorisation (on voit nettement que la chevelure d'Orville n'a pas été traitée de la même manière) ou y a-t-il une intention narrative dans ce changement de style ?
C'est tout à fait voulu ; je voulais que la couleur s'adoucisse, s'estompe, pour faire une rupture avec l'intensité et la violence de la séquence qui précède. Pour Alouette, on passe d'une émotion à une autre.
Comment avez-vous travaillé la couleur ?
J'ai travaillé la mise en couleurs sur un logiciel qui s'appelle Clip Studio Paint. C'est assez comparable à Photoshop.
Combien de temps vous a demandé, au total, l'album ?
Au total, je n'ai pas le compte juste, mais ce projet m'a demandé deux ans et demi/trois ans de travail.
Alouette est votre premier album solo, quelles leçons tirez-vous de sa réalisation ?
À un niveau très basique, ce serait bien que mes prochains projets soient un peu plus courts et que je simplifie mon processus de travail parce que j'ai tendance à ajouter des étapes inutiles. Par ailleurs, c'est aussi un projet qui m'a beaucoup appris sur ce que je voulais faire comme bandes dessinées et comment je voulais les réaliser, et je pense que la réception de cet album va encore m'apprendre des choses. C'est mon premier album solo, donc j'ai hâte d'avoir des retours !
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
C'est un album que j'ai réalisé dans toute la France et la Belgique, car je vis dans une camionnette aménagée que je partage avec ma partenaire, Clara Lodewick, autrice de BD elle aussi. Comme nous bougeons d'endroit tous les deux jours, une planche est dessinée dans les forêts bretonnes, une autre en Aveyron, une autre dans les Pyrénées etc.
ur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Justement, je travaille sur un album jeunesse avec Clara Lodewick et j'ai aussi un autre album solo en gestation.
Le 9 février 2025