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Interview d'Arnold Hovart, à propos de Un Élan de compagnie (conseils et astuces pour s'en débarasser)

Couverture de la BD Un Élan de compagnie (conseils et astuces pour s'en débarasser)

Découvrez les coulisses du livre illustré Un Élan de compagnie (conseils et astuces pour s'en débarasser), paru aux éditions Les Arènes, en lisant l'interview de son dessinateur, Arnold Hovart.

Comment êtes-vous devenu dessinateur ?

Je dessine depuis que je suis tout petit. Exercer le métier de directeur artistique concepteur m’a permis de continuer à dessiner un peu tous les jours. Suite à la naissance de mes enfants, j’ai eu envie de réaliser les histoires que je leur racontais le soir…

Comment avez-vous rencontré Adeline Dieudonné, l'autrice, et comment avez-vous travaillé avec elle ?

Pendant le confinement, Adeline et d’autres personnalités médiatiques belges ont écrit un roman à cinq mains : L’Injuste Destin du pangolin. Le feuilleton était diffusé quotidiennement sur la première (chaîne du service public belge). Ça m’a inspiré quelques illustrations que j’ai partagées avec eux via Facebook. Vu le succès de la série, les auteurs ont décidé d’en faire un livre. (Les droits d’auteur et bénéfices du livre ont été versés à trois associations en première ligne dans l’aide des sans-abris et aux réfugiés.) Ils m’ont alors demandé de faire la couverture et d’y glisser quelques illustrations. C’était un premier contact. Peu après, Adeline m’a proposé d’illustrer une histoire pour enfant: Baïla la petite Louve. On s’est rencontré en vrai (mais avec un masque), et en une heure, on a bouclé les idées et la manière dont le livre devait être illustré. Ça roulait tout seul.

Un Élan de compagnie est à mi-chemin entre le livre illustré pour enfants et la bande dessinée. Les dessins ne sont pas des illustrations du texte, mais un complément du texte. Sans l'un ou sans l'autre, le livre ne fonctionnerait pas. Comment avez-vous décidé de chaque dessin ?

Un texte qui décrit l’image, c’est redondant. Le décalage texte et image permet une double lecture, ça ajoute de l’humour et les enfants et les parents y trouvent leur compte. Parfois, c’est le texte qui amène l’illustration, d’autres fois, c’est l’inverse.

L'humour est omniprésent dans les dessins. Comment procède-t-on pour faire ressentir cet humour en un seul dessin ?

Il faut chercher un peu. J’essaye toujours qu’il y ait une idée dans chaque dessin. C’est ça qui me donne envie de dessiner et d’investir du temps dans l’illustration. Avec Adeline, notre critère de décision était simple : si ça nous fait rire, on garde !

Comment avez-vous travaillé le dessin et la couleur ?

En général, j’essaye de trouver un style pour chaque livre, c’est ce qui donne le ton. Quand on regarde mes autres livres, on pourrait croire qu’ils ont été faits par des illustrateurs différents. Comme l’élan débarque dans la vie bien rangée d’un couple de personnes âgées, je voulais donner un style un peu rétro, comme si les choses n’avaient pas bougé depuis des années… Et que l’élan venait tout chambouler ! J’ai eu beaucoup de plaisir à reproduire des vieux objets comme des gramophones, des vieilles boites à sucre, une TV des années 70, une vieille coccinelle…  Je ne voulais pas faire de l’Ikea ! :) J’ai commencé par dessiner sur du papier à grain pour donner un look un peu vieillot, puis j’ai mélangé les techniques, de l’aquarelle, un peu de pastels. Une fois la couleur posée, j’ai corrigé les petites bavures et erreurs sur Photoshop. Certains dessins ont été détourés pour jouer avec les blancs, ça ajoutait un peu de fraicheur et surtout, ça mettait en valeur les textes d’Adeline.

Combien de temps vous a demandé le dessin de l'album ?

Comme je fais ça à côté de mon métier, j’ai étalé ça sur plusieurs mois. Je pense qu’en totalité, ça m’a pris un gros mois à plein temps.

Avez-vous une anecdote relative à cet album ?

Au début, Adeline et moi sommes arrivés avec une autre fin bien plus trash ! Une famille invitait l’élan chez eux, ils l'amadouaient dans le seul but de le manger. Au final, c’est la famille qui devenait l’ingrédient principal d’un grand barbecue organisé pour tous les gentils animaux de la forêt. Yark ! Yark ! Yark ! Heureusement, la fantastique équipe des Arènes (Seymourina Cruse et Amélie Bigoni) nous a fait prendre conscience qu’on était peut-être allé un peu trop loin… Et que les enfants auraient du mal à faire de beaux rêves après une telle histoire !

Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?

Je viens de finir un autre livre jeunesse avec les Arènes qui est prévu pour mai. Qui veut m’essuyer ? est l’histoire d’un petit garçon qui n’est pas encore propre et qui cherche désespérément quelqu’un pour l’aider. Tout le monde essaye de l’éviter, la grande sœur, la grand-mère, y compris les monstres les plus affreux. Parfois, ce sont les enfants les pires cauchemars des monstres !

Le 6 février 2025