Interview de Carlos Gómez, à propos de Thellus : Le Cycle d'Eva Samas

Découvrez les coulisses des deux tomes de la bande dessinée Thellus : Le Cycle d'Eva Samas, parus aux éditions Glénat, en lisant l'interview de leur dessinateur, Carlos Gómez.
Comment êtes-vous devenu dessinateur ?
J'ai commencé à dessiner quand j'étais enfant. Cela a toujours été ma passion. En fait, je pense que la plupart des êtres humains naissent avec la capacité de dessiner. Il arrive que certains d'entre nous continuent à s'exercer tout au long de leur vie et que d'autres abandonnent. Mes parents m'achetaient des magazines de bandes dessinées. Ceux qui m'attiraient le plus étaient Lucky Luke de Morris et Goscinny et Astérix de Goscinny et Uderzo. Je les dévorais car les histoires m'accrochaient et les dessins m'éblouissaient. Je m'amusais à recopier des pages entières. Lorsque j'étais au lycée (entre 12 et 16 ans), je faisais déjà mes propres bandes dessinées, généralement sur des thèmes folkloriques (gauchescas, comme on dit ici) et de science-fiction. Grâce à un camarade de classe qui a montré mes dessins à son oncle, Víctor Hugo Arias, son oncle et dessinateur travaillant pour des éditeurs argentins et italiens, m'a pris comme assistant/apprenti. Avec lui, j'ai beaucoup appris sur le métier, en dessinant les esquisses au crayon des pages qu'il corrigerait et encrerait par la suite. Ce fut mon premier contact avec le monde professionnel de la bande dessinée. Ensuite, je suis allé à Buenos Aires pour travailler comme assistant d'autres dessinateurs connus de la bande dessinée argentine et italienne : Horacio Lalia et Angel « Lito » Fernández. Après quelques années, j'ai pu publier mes propres œuvres dans la maison d'édition Columba avec des scénarios de Ricardo Ferrari et dans Eura (Italie) avec des scénarios de Robin Wood. Malheureusement, je n'ai pas reçu de formation universitaire et ce que je sais du dessin, je l'ai appris de mes professeurs et des recherches que j'ai pu effectuer dans le cadre de mon travail.
Comment avez-vous rencontré Simona Mogavino, la scénariste, et comment avez-vous travaillé avec elle ?
Simona a déjà raconté comment elle m'a contacté1. Ce que je peux dire sur la façon dont s'est déroulée et se déroule la collaboration avec Simona, c'est que nous avons toujours eu une confiance mutuelle. Je suis son instinct d'écrivain et elle fait confiance à mes critères de dessinateur. Quand je pense que quelque chose pourrait mieux fonctionner, je le lui dis et elle n'hésite pas à corriger les erreurs que je fais souvent dans mes dessins. Ce que je dis pour Simona, je le dis pour Alessio, son mari et grand dessinateur, qui est toujours prêt à me remettre sur les rails quand mon style commence à s'éloigner du goût des lecteurs français.
Thellus est un monde très particulier. Vous dessinez Le Cycle d'Eva Samas, qui comporte deux volumes, et en même temps Laura Zuccheri dessine les deux volumes du Cycle de Kad Moon. Chaque volume des deux cycles sortira à la même date, et un cinquième volume, Opus Final, conclura les deux cycles. Avez-vous géré cet univers sans vous soucier d'un autre cycle se déroulant en parallèle, ou avez-vous échangé des idées avec Laura Zuccheri pour vous mettre d'accord sur certains détails graphiques ?
Cela a été un grand défi de parvenir à une certaine homogénéité entre les histoires de Kad Moon et d'Eva. Laura et moi n'avons pas du tout le même style ni les mêmes capacités. Elle manie la couleur avec maestria, alors que je ne dessine qu'en noir et blanc. J'ai dû regarder son travail pour pouvoir reproduire certains personnages et animaux qu'elle avait déjà dessinés, et Laura a fait de même avec les personnages et les machines que j'ai dû fabriquer. Bien sûr, nous avons échangé des dessins pour y parvenir.
Est-ce vous qui signerez le dessin de l'Opus final ?
Non
Comment avez-vous travaillé le dessin ?
Depuis une dizaine d'années, je fais tout mon travail sur une tablette. Pour la conception des animaux, des navires, des environnements et de certains objets, je les dessine d'abord et lorsqu'ils sont bien définis, je les modélise en 3D (Blender), ce qui me permet d'accélérer le processus de dessin en perspective et d'obtenir une certaine cohérence dans les différentes positions. Dans le cas de certains animaux, comme les Moudars, je les ai animés pour m'assurer que les mouvements sont naturels. Le dessin est réalisé à l'aide de Clip Studio.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour dessiner l'album ?
Environ un an. Mais pendant ce temps-là, je n'ai pas travaillé exclusivement sur le livre. Parallèlement, je réalise d'autres commandes pour d'autres éditeurs.
1 Interview de Simona Mogavino, à propos de Thellus : Le Cycle d'Eva Samas
Le 22 mars 2025