Interview de Chaiko, à propos des Misérables

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Les Misérables, parue aux éditions Paquet en lisant l'interview de son auteur, Chaiko.
Comment avez-vous connu Les Misérables de Victor Hugo, est-ce une commande des éditions Paquet ? Quelle place a la littérature française du XIXe siècle en Chine ?
J'avais lu le roman de Hugo il y a très longtemps, et je voulais en faire un roman graphique. Il y a beaucoup de romans classiques français en Chine, les gens aiment les lire.
Sur la page de garde est écrit, sous le titre : « Librement adapté du roman de Victor Hugo », pourtant votre livre est très fidèle à l'œuvre originelle. Quand on connait le nombre de pages des Misérables, comment vous y êtes-vous pris pour réaliser cette adaptation ?
Chaque auteur a son propre point de vue sur l'adaptation, j'avais le mien aussi. La littérature classique a besoin d'une vision moderne pour les gens d'aujourd'hui, j'ai juste essayé de le faire mais sans aller trop loin.
Les lecteurs qui vous connaissent savent que vous êtes aussi à l'aise avec les récits traditionnels chinois comme Le Roi singe que pour dessiner des histoires européennes, comme en témoigne Le Crime de l'Orient Express que vous avez dessiné sur un scénario de Benjamin von Eckartsberg. En France, il est relativement facile pour un auteur d'appréhender l'ambiance des Misérables au XIXe siècle, car cette histoire a fait l'objet de nombreuses adaptations, d'illustrations, de films et que les vieilles villes que l'on connait tous renvoient à cet univers. Comment avez-vous travaillé pour assimiler cette ambiance, avec la distance et les codes natifs de la Chine qui ne sont pas les mêmes que ceux occidentaux ?
En tant que professionnel, je veux faire autant d'histoires différentes que possible. Oui, il y a eu beaucoup de différences entre l'Est et l'Ouest dans l'histoire. Lorsque je travaille sur une histoire, il est certain que j'ai besoin de faire beaucoup de recherches et de faire appel à mon expérience.
Vous rendez Les Misérables accessible à chacun en gardant l'esprit du livre et en supprimant les nombreuses, longues et ennuyeuses descriptions, comme celle au début du roman sur la tenue de Jean Valjean, qui dure plusieurs pages. Mais au final, ces descriptions sont-elles réellement une aide pour le dessinateur que vous êtes, ou plutôt une contrainte ?
Les textes sont invisibles, ils ne peuvent pas remplacer les images, les descriptions dans le roman ont aidé les lecteurs à comprendre ce que l'auteur voulait dire, mais ce sont deux façons différentes de raconter une histoire, même s'il s'agit d'une adaptation.
Vous réussissez également le tour de force de donner la même dimension charismatique à Javert et à Jean Valjean. Le face à face, à la dernière case de la page 103, montre cet équilibre, le pistolet se faisant presqu'oublier tant les physionomies accaparent le regard. Comment fait-on pour créer une telle tension et un tel charisme entre deux personnages via le dessin ?
Je dirais que c'est ma façon de jouer, car j'ai été réalisateur de films d'animation et les scènes sont tout ce qui compte.
Quelles ont été vos inspirations pour Jean Valjean et Javert ?
Ils étaient juste dans ma tête, mon imagination est née du sentiment de leur expérience de vie, j'ai juste montré à quoi ils devaient ressembler à ma façon.
Le personnage de Paris est-il un personnage réel ?
Oui, le personnage de Paris est bien un personnage qui a existé.
La couverture des Misérables est impressionnante, le lecteur est devant un portrait du visage de Jean Valjean en taille réelle. Comment avez-vous travaillé ce dessin et son fond ?
J'ai essayé de créer un code spécial qui montre l'intérieur du personnage à travers le visage.
Le 13 mai 2024