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Interview de Fabien Grolleau, à propos du Chantier

Couverture de la BD Le Chantier

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Le Chantier, parue aux éditions Dargaud, en lisant l'interview de son scénariste, Fabien Grolleau.

Vous écrivez dans la préface du Chantier que vous avez été architecte, après avoir toujours voulu travailler dans la BD ? Comment avez-vous franchi le pas de cette reconversion ?

En parallèle, en loisir de mon activité d'architecte, j'écrivais des scénarios pour un copain, Thierry Bedouet, avec qui nous avons fondé l'association Vide Cocagne ensuite, justement pour développer notre activité d'auteur. Puis, je me suis mis au dessin, dans les temps creux de mon activité d'architecte. C'est en signant mon premier projet BD chez Shampooing en 2007 que la bande dessinée a pris de l'ampleur, jusqu'à prendre toute la place aujourd'hui. Ça s'est fait en douceur.

Comment avez-vous travaillé le scénario du Chantier ? Faites-vous un synopsis, puis un plan, etc. ?

Habituellement, avec mes autres coauteurs, je découpe mes scénarios en cases et croquis comme une version mal dessinée de la bd finale, mais avec Clément, c'était différent. Il voulait se garder cette partie mise en scène, donc j'ai écrit un scénario en texte, dialogues, il a fait le découpage, sauf rares exceptions, sur les pages de chantier assez techniques où j'avais une vision précise. Je lui ai fourni de la doc visuelle quand nécessaire et j'ai fait une simulation en 3D sous logiciel d'archi des volumes extérieurs de la maison et des plans succincts de la maison que Clément a améliorés à sa guise.

Comment avez-vous rencontré Clément C. Fabre, le dessinateur ?

Quand notre association Vide Cocagne est devenue maison d'éditions, nous avons publié un ouvrage de Joseph Safieddine et Clément C. Fabre, Salade Tomates Oignons. C'est à ce moment-là que j'ai rencontré Clément et que nous avons sympathisé. En discutant ensemble lors d'un salon, nous avons décidé de collaborer ensemble, l'architecture étant un sujet qui nous rassemblait.

Comment avez-vous travaillé avec Clément C. Fabre, livrez-vous le scénario avec un découpage à la case, dialogues livrés, ou êtes-vous plutôt scénario à la planche, voire à un groupe de planches ?

J'ai tendance à multiplier les projets de scénario pour pouvoir vivre 100 % de la BD, ce qui m'oblige à avancer par paquets chacun de mes scénarios pour répondre aux demandes des dessinateurs. Je fournis généralement 20/­30 pages ou plus, selon le projet. Avec Clément, je crois avoir envoyé mon scénario sous forme de texte en trois gros paquets. Ensuite, j'ai un suivi quotidien avec le dessinateur s'il le souhaite : on discute pour trouver la forme qui nous plaise à tous les deux, avec pour principe que j'ai le dernier mot sur le texte, et lui l'a sur dessins, découpage et couleurs.

Combien de temps vous a demandé l'écriture du scénario et combien de temps a demandé l'album au total ?

Quelques mois d'écriture pour moi, en alternance avec d'autres projets, et je crois me souvenir d'une grosse année de travail pour Clément. Un projet s'étalant sur environ deux ans.

Les histoires satellites, comme Le Diplôme ou les diverses scènes de La Vie de l'agence, sont-elles des histoires présentes dans l'album édité en 2018, ou sont-ce des ajouts pour cette nouvelle édition ?

Effectivement, pour cette nouvelle édition, nous avons ajouté des vues en plan 3D de la maison et une dizaine de planches inédites racontant des scènes de l'agence d'archi. Je trouvais que ça manquait un peu dans notre récit, maintenant je trouve que le projet est bien complet.

L'album ne serait pas ce qu'il est sans un élément clé, le dessin réalisé par Agnès « trop super » Grolleau. Pouvez-vous nous raconter comment vous est venue l'idée d'intégrer ce dessin et comment il a été fait ? A-t-il été fait pour l'album, ou est-ce un dessin récupéré qui vous a marqué et que vous souhaitiez utiliser ?

Ah ah ah. Ma fille devait avoir 10 ans à l'époque et dessinait pas mal de plans de maisons, faisait des maquettes, etc. Comme il y avait cette scène avec les enfants dans la BD, je lui ai demandé de me dessiner une cabane ! Je suis très content que ce chouette dessin soit dans le livre.

Avez-vous une anecdote relative à cet album ?

Pas spécialement, à part que j'ai beaucoup aimé travailler avec Clément à l'époque de la première version et à nouveau pour les inédits. C'est un dessinateur et un auteur très talentueux, je suis content d'avoir ce livre en commun !

Laurent Zimny a été architecte, comme vous, et s'est tourné vers le dessin de bandes dessinées. Vous êtes tous les deux publiés chez Dargaud. N'avez-vous jamais pensé réaliser un album ensemble avec vos racines architecturales communes ?

On a échangé un peu, mais on ne se connait pas, on ne s'est jamais rencontré. J'aime son expérimentation et sa recherche graphique, donc pourquoi pas ? D'autant que j'aimerais revenir un jour sur la question de l'architecture. Mais pour l'instant, j'ai beaucoup de travail qui va m'occuper encore longtemps !

Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?

Pas mal de scénarios plus ou moins top secrets à écrire, à terminer ou à commencer avec plein de gens talentueux, le genre de projets qu'on ne peut pas refuser. En tant que scénariste/­dessinateur, je travaille sur une longue bande dessinée sur la fin de l'empire romain qui devrait m'occuper encore longtemps ! C'est très long à faire la bande dessinée, donc tous ces livres vont sortir au compte gouttes, mais on prend toujours autant de plaisir à les faire.

Le 21 mars 2024