Interview de Grégory Charlet, à propos de L'Île crocodile : tome 1 - Le totem

Découvrez les coulisses de la bande dessinée L'Île crocodile : tome 1 - Le totem, parue aux éditions Métamorphose, en lisant l'interview de son dessinateur, Grégory Charlet.
Comment êtes-vous devenu dessinateur ?
Je l’ai toujours été, j’ai toujours dessiné. Mais, à 20 ans, j’ai fait le grand saut et je suis parti à l’académie des beaux-arts de Tournai pour me consacrer à ça, et je suis passé pro assez vite.
Comment avez-vous rencontré Charlotte Girard et Jean-Marie Omont, les scénaristes de L'Île crocodile, et comment avez-vous travaillé avec eux ?
Charlotte m’a contactée via Facebook et envoyé le scénario qui m’a plu. J’ai tout de suite ressenti l'énergie particulière du récit et les visuels. De la base d’un scénario écrit, je pars sur un story-board très poussé pour qu’ils puissent se projeter, et, une fois validé, c’est parti pour les pages. Je fais quelques images concepts pour étayer mes propositions parfois.
Avez-vous reçu un scénario strict ou laissant la place à l'improvisation, notamment au niveau de la mise en page ?
Charlotte et Jim me laissent le champ libre tant que je suis fidèle à leurs intentions. Pour ma part, j’avais demandé une pagination libre pour que je puisse plus facilement m’exprimer. Certaines pages de scénario ont été étendues sur 2 pages dessinées.
Vous avez utilisé un gaufrier à grandes cases, est-ce un choix des scénaristes ou le vôtre ?
Pour le tome 1, j’ai une base d'un gaufrier à 6 cases, qui est un format que j’apprécie. De temps en temps, j’utilisais un gaufrier à 8 cases (comme pour La Chinoise chez Glénat). J’adapte en fonction des albums. Personnellement, je préfère éviter les variations de cadres et jouer avec la caméra à l'intérieur de la case, plus comme de l’animation que de l’illustration.
Comment avez-vous travaillé le dessin et la couleur ?
Oui, j’essaye d’avoir le plus de rapport au dessin en tradi : story au crayons de couleurs, crayonné format A3 au crayons gris, puis encrage au pinceau. Je finalise la couleur et quelques retouches au numérique (Photoshop), mais je n’apprécie pas trop l’outil qui me fait perdre beaucoup de sensibilité.
Combien de temps vous a demandé le dessin de l'album ?
Je l’ai travaillé en même temps que j'étais intervenant à temps plein dans des formations en illustrations et animations… Ça m’a pris 5 ans, mais je pense qu’il y a 2 ans de prod. Il m'a fallu beaucoup de recherches pour me rapprocher de la sensibilité voulue.
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
Pas que je me souvienne… C’est surtout le fait qu’il m’ait accompagné pendant mes cours. Comme je donnais des cours, et n’en avais jamais réellement eu de mon côté, je suis autodidacte, j’ai appris en enseignant, et certains blocages ont disparu grâce à cette période. C’est un peu un livre où j’ai réappris (ou même carrément appris) à faire mon métier, grâce à tous mes étudiants. :)
Quel est votre ressenti sur cet album maintenant qu'il est terminé ?
Perplexe Ah ! Ah ! Il m’a pris trop de temps, je n’arrive pas à prendre du recul… Je ne sais pas s'il est bien ou pas bien… Surtout que mon niveau a réellement évolué entre temps.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Le tome 2. J'écris aussi, je laisse aller les idées, j’aimerais retravailler sur une histoire personnelle. Je réfléchis à quoi faire après… BD ou autre, avec les arrivées de l’IA, la précarité du métier d’auteur et l’instabilité des métiers de l'animation qui pâtissent actuellement des suppressions d’aides de l’État (des studios ferment)… Ma feuille de route est assez floue, et je ne sais pas trop ce qui m’attend, en bon ou en mauvais.
Le 4 mai 2025