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Interview de Hervé Bourhis, à propos de Mon Infractus

Couverture de la BD Mon Infractus

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Mon Infractus, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de son auteur, Hervé Bourhis.

Vous êtes l'auteur d'une quarantaine de bandes dessinées. Quel a été le déclic pour devenir professionnel dans ce domaine ?

Il n'y a pas vraiment eu de déclic, enfant, je lisais et je faisais de la BD tout le temps. Pour tout le monde, c'était évident que j'en ferais mon métier. Mais la vie en a voulu autrement, j'ai perdu confiance au lycée et j'ai mis ça de côté. C'est à l'approche de la trentaine que je me suis dit que je devrais quand même essayer d'en faire publier une. J'ai demandé un temps partiel dans mon job, ça a pris un an, et après un premier projet refusé, un autre a été accepté et je n'ai plus jamais arrêté depuis.

Vous le signalez avec malice en début de votre roman graphique. Tout le monde fait un livre sur ses bobos. Et tout le monde attendait que vous fassiez de même. Même si l'angle que vous adoptez est largement différent de celui d'autres ouvrages en bobologie, vous parlez de ce qui vous est arrivé quand même. Pourquoi ce besoin s'est-il fait sentir ?

C'est un événement si intense qu'il est difficile de passer à autre chose après. J'ai dû avoir besoin de ce projet de transition pour faire le point. C'est sans doute une forme d'auto-analyse. Il était nécessaire à ce point de remercier des gens qui m'ont aidé. Et d'évacuer amertumes, douleurs et tensions accumulées. Mais en parlant de musique, de vie. La morale de cette histoire, c'est que je suis en vie. Je voulais que cette énergie vitale soit le sujet, et non pas me plaindre.

Est-il différent d'écrire et de scénariser un livre sur l'intime par rapport à l'extime ?

Oui et non. Je fais principalement des livres qui parlent de mes passions, de mes craintes, bref de mes obsessions. Je pense vraiment que chacun de mes bouquins est très personnel. Mais je suis le seul à savoir pourquoi et à quel point, c'est parfois bien caché. Disons que là, c'est visible.

Comment avez-vous travaillé le scénario et son adaptation graphique ?

Ça ressemble à un livre improvisé, mais ça ne l'est pas. Le livre est étonnamment fidèle au scénario, qui est toujours complet, détaillé, séquencé. Par contre, il n'y a pas eu de crayonné, c'était trois pages par jour, à fond, en apnée. Enfin, pas trop en apnée, rapport au cœur.

Comment avez-vous travaillé le dessin ?

Pour ce livre, c'est du dessin tradi avec des ajouts, des textures, des typos sur Photoshop. Mais la base est bien tradi, au critérium et bic de base.

Les typographies dans ce roman graphique contribuent à la narration et au choix graphique. Toutes sont-elles manuscrites, y compris celles des bulles ?

Non, c'est un mix. Les dialogues sont des typos (la mienne) et il y a de grands lettrages faits à la main. J'ai une formation de graphiste orienté typo, effectivement.

Combien de temps vous a demandé, au total, l'album ?

Quasiment rien, genre trois mois en tout. Il fallait que ça sorte, j'imagine.

Avez-vous une anecdote relative à cet album, qui n'est pas dans l'album ?

Eh bien, j'ai fait ça si vite que l'éditeur a halluciné. Il comptait sur un an de travail. Il était fini fin 2022. Mais les plannings de sortie étaient bouclés, il a fallu attendre plus d'un an pour le sortir. Grosse source de frustration pour moi. 

Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?

Le tome 3 d'American Parano, chez Dupuis, avec Lucas Varela.

Avez-vous repris le chemin des platines ?

Deux fois seulement depuis l'écriture du livre. Autant dire que ça me manque, mais on ne me propose rien, hélas.

Le 11 avril 2024