Interview de Jim Bishop, à propos de Lettres perdues

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Lettres perdues, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de son auteur, Jim Bishop.
Comment êtes-vous devenu auteur de bande dessinée ?
Tout jeune, en voulant continuer une histoire de Kaput et Zösky de Lewis Trondheim, car je n'avais pas la suite.
Comment vous est venue l'idée du synopsis de Lettres perdues ?
Après le décès de ma mère, j'ai eu envie d'arrêter de proposer mes projets BD aux éditeurs, qui me les refusaient tous. Je me suis dit que j'avais envie d'en faire seulement pour moi, de faire une histoire au bord de l'eau, toute légère. Puis, au fil de l'écriture, le sujet du deuil s'est imposé, tout comme ma rencontre avec mon editeur. Les planètes se sont alignées.
Vous l'écrivez sur le rabat de couverture, vous avez lu Dragon Ball étant enfant, et l'on ressent fortement les références à cet univers. Frangine fait immanquablement penser à Bulma et l'avion d'Iode fait penser à l'avion de Bulma. D'autres personnages semblent également sortis de l'univers de Dragon Ball. En quoi cet univers vous a-t-il marqué ?
C'est une richesse infinie, pleine de liberté et de créativité. Dragon Ball a été mon premier manga, le tome 9 que je lisais en boucle, puis l'animé qui me passionnait. Comme toute une génération. L'œuvre a vieilli sur certains plans, mais elle restera à jamais une référence pour moi.
Quand on lit Lettres perdues, on a une impression de voir un dessin animé des années 90 devant ses yeux. Il y a un côté très semblable aux animés japonais de l'époque. On y retrouve un graphisme légèrement différent de vos autres BD. Est-ce une volonté ou votre style a-t-il évolué ?
Oui, j'ai pensé la BD comme un film d'animation que je n'avais pas les moyens de faire. Toute l'intro, je me l'imaginais comme un générique, jusqu'à la page titre. Et je me suis reféré à des guides comme Hayao Myazaki avec Porco Rosso.
Lettres perdues nous emporte dans un monde onirique, où les poissons sont policiers, où les pélicans parlent… Un univers plein de drôlerie, mais qui sait avoir des passages sérieux sur l'écologie, et un twist final totalement inattendu pour le lecteur. Ces passages et la fin étaien-ils prévus dès le départ ou le récit a-t-il cangé en cours de route pour intégrer ces passages ?
La fin était prévue, mais la « deuxième fin », j'y avais pensé pendant que je faisais l'album et j'ai hésité à la mettre au début, puis cela faisait énormément sens au fur et à mesure de mes réflexions, le titre, l'arc narratif du personnage, et cela touchait à des choses très perso qui devaient être lâchées.
La fin aborde un sujet très peu abordé en bande dessinée, et la dernière case est un plan également très fort, comme la lettre que l'on peut lire quelques pages avant. Pourquoi avoir voulu terminer ainsi, sur un fin « coup de poing » sur un tel sujet ?
Comme je disais avant, cela touchait à quelque chose de personnel, un sujet qui a toujours eu une place dans mon entourage familial et que je ne retrouve jamais, ou rarement, dans une œuvre, comme s'il y avait un tabou sur quelque chose qui pourrait se dédramatiser, juste en parlant, alors j'ai voulu en parler, de manière brute, pour que cela permette à des gens d'en parler.
Avez-vous respecté les étapes traditionnelles de la réalisation d'une BD ou avez-vous shunté certaines étapes ?
J'ai fait un storyboard/crayonné dans un petit carnet format A5, et de ce carnet j'ai scanné et fait mon line directement en digital. J'ai économisé énormément de temps avec cette méthode.
Comment avez-vous travaillé le scénario de Lettres perdues ?
En m'inspirant d'une structure de récit que j'aime beaucoup, L'Alchimiste de Paulo Coelho. Dans cette structure, toutes les idées doivent rentrer, certaines sont abandonnées, mais au final, cela allége fortement le récit. J'écris en me demandant toujours si l'information, ou l'émotion, est juste et utile. Si ce n'est pas le cas, je la retire.
Comment avez-vous travaillé le dessin et la mise en couleur ?
J'y ai répondu plus haut du coup, haha.
Combien de temps vous a demandé, au total, l'album ?
Un peu moins d'un an, pendant la période du confinement.
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
J'ai dessiné tout le crayonné de nuit, l'hiver 2020. Je me levais à 17 h et me couchais vers 8 h, je n'ai pas vu la lumière du jour pendant un moment. Mais je ne conseille pas du tout ce rythme de vie, même si cela reste un souvenir agréable.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Je viens de finir ma prochaine BD, qui bouclera ma trilogie de l'enfant, qui inclut : Lettres perdues, Mon Ami Pierrot et la dernière. Toutes les trois ont la thématique du passage à l'âge adulte sur des points de vue différents, le deuil, l'amour et la société. Si tout va bien, elle sortira début 2025.
Le 3 août 2024