Interview de Johan Pilet, à propos de Mickey contre l'alliance maléfique

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Mickey contre l'alliance maléfique, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de son auteur, Johan Pilet.
Comment êtes-vous devenu dessinateur ?
J'ai toujours voulu faire de la BD. Après plusieurs refus de projet chez Dupuis, pour qui je travaillais déjà (dans le journal Spirou), l'éditeur Glénat m'a donné ma chance en me signant deux séries : Barzoon Circus et Caktus.
Mickey contre l'alliance maléfique est le dix-septième tome de la collection Créations originales réalisées par Glénat en collaboration avec Disney. Comment avez-vous été amené à travailler sur ce projet, car vous n'êtes pas un dessinateur Disney.
Quand les éditions Glénat ont lancé cette collection, j'ai tout de suite eu l'envie d'en réaliser un, dans cet univers rétrofuturiste qui colle à merveille, de mon point de vue, avec le côté « vintage » et nostalgique de la collection. J'ai alors commencé à dessiner des Mickey, des robots et des véhicules tout en collectant un maximum de documentation. Le sujet me passionne. La collection était réservée, au départ, aux superstars de la BD. Le projet a mis du temps à se construire.
Mickey contre l'alliance maléfique est un florilège de personnages Disney. Outre les héros, on retrouve Iga Biva, Pat Hibulaire, Oscar Rapace… Et vous offrez un dessin qui ne choquera pas les fidèles de l'univers de Mickey, sauf justement pour Mickey qui adopte un style très différent de l'original. Pourquoi avoir conservé les traits de Donald, par exemple, très peu modifié Pat Hibulaire et avoir vraiment changé la tête de Mickey ?
Pour Mickey, je l'ai dessiné comme je le sentais. Je le voyais comme ça, dès le début. Le personnage permet des variations presque infinies. Pour Donald, c'est une autre paire de manche : c'est très difficile de s'écarter des codes graphiques Disney tout en conservant l'identité du personnage. Notamment à cause de son bec large. J'ai opté pour un graphisme très proche. Pour Pat Hibulaire, je voulais différencier sa morphologie de celle de Laurent Outan, je l'ai rendu plus trapu. J'adorais la version de Tebo, qui m'a beaucoup inspirée.
Comment avez-vous rencontré Nicolas Pothier, le scénariste, et comment avez-vous travaillé avec lui ?
Via Fred Mangé, éditeur Treize Etrange récemment passé chez Glénat à l'époque. Il cherchait un dessinateur à l'ADN franco-belge pour travailler sur un western inspiré par Lucky Luke. Caktus était notre première collaboration.
Comment avez-vous travaillé le dessin et la couleur ?
Pour le trait, je travaille exclusivement en traditionnel. À l'encre, pinceau et feutres japonais. Pour la couleur, le logiciel de référence reste Adobe Photoshop. On l'a appris sur le tas, avec les copains, en sortant de Saint-Luc Liège. Cette compétence nous paraissait indispensable pour présenter nos futurs projets aux éditeurs. J'ai par la suite commencé ma carrière professionnelle en colorisant trois albums pour Dupuis : la série Karma dessinée par Fabrizio Borrini.
Pourquoi avoir choisi d'utiliser quasi systématiquement sur cet album une trame en pointillée ?
J'avais dans ma documentation quelques extraits de bande dessinée Mickey des années 40-50, avec une texture papier et une trame assez marquées. J'ai choisi de m'en inspirer pour donner une âme, un côté moins propret, plus rétro à l'ensemble. L'équilibre n'était pas simple à trouver et la trame ne réagit pas toujours de la même manière sur toutes les teintes. Mais ce côté non maitrisé et accidentel des effets était justement ce que je cherchais.
Combien de temps vous a demandé le dessin de l'album ?
Un an et demi. C'est beaucoup, mais le défi était de taille : cette collection comporte quelques-uns des plus grands noms des auteurs européens, et la pression était forte pour espérer tenir la route face à ces virtuoses.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Je travaille sur les illustrations d'une série de romans jeunesses québécois et vais démarrer le nouveau diptyque de Ninn, écrit et storyboardé. Je développe également un nouveau projet jeunesse avec Jean-Michel Darlot et mon frère. Ces projets sont tous très différents, et c'est un luxe énorme d'avoir la confiance des éditeurs sur ces séries. Comme des gamins dans leur magasin de jouets préféré.
Le 16 juin 2024