Interview de Juni Ba, à propos de Mobilis : Ma Vie avec le capitaine Némo

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Mobilis : Ma Vie avec le capitaine Némo, parue aux éditions Bayard, en lisant l'interview de son auteur, Juni Ba.
Comment êtes-vous devenu auteur de bande dessinée ?
À force de poster mes projets sur internet, Twitter en particulier, et en collaborant avec le collectif Kugali, j’ai fini par attirer l’attention de diverses maisons d’édition, surtout aux États Unis, et ça s’est fait assez vite à partir de 2019.
Quel a été le point de départ de Mobilis : Ma Vie avec le capitaine Némo ?
Une bonne grosse crise de panique en plein confinement ! L’envie d’aborder le conflit générationnel autour des questions d’écologie, de responsabilité sociale et la complexité de soi-même grandir et réaliser l’impuissance qui vient avec l’âge et la réalisation d’à quel point ces problèmes sont complexes et notre marche de manœuvre individuelle bien limitée. C’est un livre pour pourvoir une catharsis.
ous êtes un auteur-illustrateur franco-sénégalais et vivez à Montpellier. Pourtant, la BD a d'abord été publiée en anglais chez TKO Studios LLC, et chose surprenante, la traduction est réalisée par Laurent Laget et non par vous même. Pourquoi avoir d'abord publié en anglais et pourquoi ne pas avoir fait vous-même la traduction ?
Manque de temps et pleine confiance en ses capacités ! Sur un projet comme Djeliya, je préférerais le faire moi-même, mais sur Mobilis, je n’avais pas de souci à refiler le bébé.
Avez-vous respecté les étapes traditionnelles de la réalisation d'une BD, à savoir synopsis, scénario, storyboard, crayonné, encrage, ou avez-vous shunté certaines étapes ?
En général, je storyboard directement après une longue phase de croquis où je crée plein de scènes et je décide ce qui reste, ce qui part, et comment ça va s’organiser. Le reste est assez classique. Dessin, couleur, lettrage.
Comment avez-vous travaillé le scénario ?
J’ai créé des arcs pour les personnages et établi une idée d’où je voulais aller. Mais c’est dans la phase de gribouillage et d’écriture de scènes décousues que j’ai déterminé l’histoire elle-même. L’idée est de mettre les personnages dans des situations et ensuite de décider lesquelles apportent quelque chose au livre et où elles iront, puis comment les connecter.
Comment avez-vous travaillé le dessin et la couleur ?
Entièrement numérique ! Je testais beaucoup de choses sur Procreate, que j’apprenais encore à utiliser, donc j’ai préféré éviter de trop me disperser dans les outils. Le gros but pour moi était de mettre deux fois plus de détails sur les pages que d’habitude.
Vous vous êtes affranchi du gaufrier traditionnel, en proposant de nombreuses pages pleines, des pseudo-couvertures, des dessins hors cadre, un journal de bord pleine page etc. Comment avez-vous décidé quelle partie serait dans quel format ?
En fait, tout est motivé par la narration et l’ambiance à placer. Des cases et un gaufrier classiques dans l’ambiance confinée du Nautilus, et un découpage beaucoup plus aéré et libre à l’extérieur pour aller avec la nature du fond marin.
La version française met des mots en emphase quasiment dans chaque bulle. Y a-t-il la même chose dans la version originale américaine ? Pourquoi avoir utilisé ce procédé ?
C’est assez classique en comics. Ça permet de rythmer la lecture ou de mettre certains termes et notions en évidence pour qu’ils s’impriment davantage dans l’esprit du lecteur.
Combien de temps vous a demandé, au total, l'album ?
Deux ans de préparation et trois mois de dessin sur les pages elles-mêmes. Il fallait qu’il sorte vite de mon système.
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
Sur la version originale, on a une recommandation de Peter Ramsey, réalisateur de Spiderverse, et c’est un petit plaisir perso.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Je m’apprête à lancer le kickstarter d’un projet de fables en BD inspirées par le roman de renard et la légende allemande du Erlkonig. Ce sera lancé à l’aide de la presse indépendante Goats Flying Press avec un lettrage par Aditya Bidikar. Et je prépare les nouvelles histoires de Monkey Meat pour une publication aux US en 2025 !
Le 25 octobre 2024