Interview de Luana Vergari, à propos de Kundan

Découvrez les coulisses de la série bande dessinée Kundan, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de sa scénariste, Luana Vergari.
Comment êtes-vous devenue scénariste ?
J'ai étudié dans une école d'art à Rome, où je me suis spécialisée en écriture de scénarios pour la bande dessinée et le cinéma. Ensuite, j'ai travaillé dans le domaine de l'animation avant de m'orienter progressivement vers la bande dessinée.
Quel a été le point de départ de Kundan ?
Je voulais utiliser une narration de genre pour aborder des thématiques larges et universelles, comme la place que nous occupons dans le monde, au sein de la société, et les rôles que nous jouons, en tant qu'hommes et femmes, au quotidien. Je souhaitais également créer un « grand méchant » avec une approche plus nuancée. Kundan incarne le mal : il accomplit des actes terribles dans le récit, mais, page après page, nous découvrons ses motivations et sa psychologie. Les dessins d'Emmanuel Civiello font tout le reste. Emmanuel a rapidement compris la profondeur du personnage et l'a enrichi d'expressions variées, rendant Kundan très « versatile » selon les scènes.
Comment avez-vous travaillé le scénario ?
Avec Emmanuel, nous avons d'abord réalisé un découpage détaillé de chaque tome. Une fois cette étape créative affinée ensemble, je suis passée à une écriture de scénario plus classique, page par page.
Vous débutez l'histoire de Kundan par un massacre organisé par les prêtresses de la déesse hindoue de la guerre, Durga, dans une temporalité floue, puis à New Delhi en 1891 et Londres en 1910, juste après les événements de Whitechapel. Y avait-il une volonté d'évoquer Jack l'Éventreur à travers la violence des crimes de Kundan ?
Oui, je voulais montrer que le « mal » peut se cacher partout dans le Londres du début du XXe siècle.
Pages 52-53, le récit change de format et passe à une narration citant Baudelaire. Pourquoi Baudelaire, et pourquoi ce changement de rythme ?
Avec Emmanuel, nous avons voulu donner à chaque passage narratif une représentation graphique appropriée. Tout au long du premier tome et de la série, il y a une diversité d'approches. Le poème de Baudelaire m'a semblé parfait pour souligner ce moment intense du scénario.
Vous terminez ce tome 1 par : « Le moment venu, la grande obscurité guidera mon réveil »… Cette planche trouvera-t-elle explication dans le tome 2, car on ne comprend pas pourquoi Kundan sombre dans un grand sommeil, la piste d'une descendance est évoquée, mais la dernière bulle parle que Kundan est le dernier… Le lecteur ressort perplexe et sans réelle compréhension de cette fin provisoire. Pouvez-vous nous la décrypter ?
La fin du tome 1 est directement liée à la scène d'ouverture. Dans la suite du récit, nous comprendrons mieux les intentions et le plan de Kundan.
Comment avez-vous rencontré Emmanuel Civiello, le dessinateur, et comment avez-vous travaillé avec lui ?
Nous avons été mis en relation par un ami commun, Doug Headline, avec qui nous avions tous les deux collaboré. Le reste s'est fait naturellement.
Combien de temps vous a demandé l'écriture du scénario et combien de temps a demandé l'album au total ?
Nous avons travaillé 18 mois pour finaliser le tome 1.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Actuellement, je travaille avec Doug Headline sur l'adaptation du tome 3 d'Harry Dickson pour les éditions Dupuis. Je suis également engagée dans la création de deux nouveaux projets jeunesse.
Pour quand sont prévues les sorties des tomes 2 et 3 de cette trilogie ?
Le tome 2 sortira en mai et le tome 3 en octobre. Nous avons promis un récit complet en un an, et nous tiendrons cette promesse.
Le 17 mars 2025