Interview de Nicolas Moog, à propos de Grenaille : Immersion dans une microbrasserie

Découvrez les coulisses de la BD Grenaille : Immersion dans une microbrasserie, parue aux éditions Paquet, en lisant l'interview de son auteur, Nicolas Moog.

Vous laissez entendre dans les premières pages de Grenaille que cet album est une commande. Quel a été le commanditaire ?

La commande est arrivée depuis les Hauts-Quartiers de la librairie La Parenthèse de Nancy-lès-Metz en France. L'agitateur Stéphane Godefroid voulait faire se rencontrer le récit et les façons de faire d'un brasseur anarchiste, et la mise en bande dessinée de ce récit par un auteur de bande dessinée.

Vous avez bénéficié d'une résidence d'artiste à la librairie La Parenthèse, si la résidence d'artiste pour les musiciens ou les comédiens est courante, celle pour les auteurs BD l'est moins, surtout que vous avez passé vous avez été en immersion au sein de la microbrasserie. Comment s'est déroulée cette résidence ?

Elle s'est déroulée avec ses joies et ses peines, comme la vie. Elle a consisté pour moi à subir un entraînement intensif à l'activité de brasseur, aussi à prendre un plein cahier de notes à ce sujet, quelques croquis, quelques photos. Quatre mois, c'est vite passé.

Comment avez-vous choisi l'angle du scénario, et comment avez-vous réalisé le scénario ?

L'angle choisi est celui de l'oblicité. Traîner tous les jours dans une brasserie peut rapidement arriver au résultat de vous faire marcher de traviole. J'ai établi le scénario dans des vapeurs de toutes sortes, et l'ai composé en plusieurs axes : mes relations personnelles avec la bière, le portrait de Julien Gunther, la description technique de la trajectoire d'une bouteille de bière Grenaille, de la création de sa recette à sa commercialisation.

Le livre parle de votre initiation au brassage, avec Julien Gunther au sein de la microbrasserie Grenaille, située à Rosières-aux-salines. Le lecteur se laisse donc embarquer dans l'aventure de la microbrasserie et de la bière artisanale. Pourtant vous terminez le livre ailleurs, à Hambourg, avec une Pilsner allemande fabriquée par Carlsberg, le propriétaire de Kronenbourg, qui est l'anti-référence citée par Julien Gunther page 65. Pourquoi avoir terminé ce livre ainsi ?

Il est parfaitement impossible pour un auteur de bande dessinée de mon calibre de ne boire que de la bière de microbrasserie, pour des motifs non pas idéologiques, mais tout simplement financiers. Le livre se termine sur l'évocation de la bière ASTRA, qui est une boisson populaire et bon marché et par ailleurs excellente. ASTRA est brassée à Hambourg, et c'est dans cette ville que j'ai terminé le livre. ASTRA est une bière pour prolétaires, ouvriers, ou auteurs de bande dessinée en rupture de ban. Elle se boit dans la rue et son parfum ferreux ne peut se dissocier des activités portuaires du quartier Sankt Pauli.

Mis à part page 50, où vous montrez l'étiquette pour Borderlands, et pour le tableau n°16 sur l'hygiène, page 54, vous n'utilisez qu'une seule couleur, caramel, est-ce pour rappeler la couleur de la bière et du malt ?

La couleur en question, caramel ou sable chaud, on la qualifiera comme on préfère, est issue du Pantone 1664 qui se rapproche de la teinte de la pisse d'un lendemain de cuite.

D'où provient ce fameux tableau n°16 sur l'hygiène, page 54 ?

Il provient d'une brocante ; je me suis contenté de me le procurer puis de redessiner cette vieille annonce prévenant des dangers de l'absorption de trop d'alcool.

Sur quelle tablette et logiciel avez-vous réalisé Grenaille ?

Aucune tablette ni aucun logiciel n'a été blessé durant la réalisation de Grenaille. Tout a été dessiné à la main, avec un pinceau, de l'encre de Chine et une ramette de papier. Pour la couleur, Pierre Weird, le coloriste de Grenaille a usé de l'iPad Pro et du logiciel Procreate.

Combien de temps vous a demandé la réalisation de cet album ?

Une année.

Avez-vous une anecdote sur la réalisation de Grenaille ?

Les meilleures anecdotes sont narrées dans le livre, j'invite donc tout un chacun à l'acheter s'il en a les moyens, à le voler s'il ne les a pas.

Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?

Je travaille présentement pour la presse, pour les excellents journaux que sont Spirou et La Revue Dessinée. Et 6 pieds sous terre fait paraître en février 2024 un nouveau livre réalisé en duo avec Matthias Lehmann : True Stories of Nic & Matt.

Le 12 décembre 2023