Interview de Noterbel, à propos de “La Fuite en avant”

Découvrez les coulisses de la bande dessinée La Fuite en avant, parue aux éditions Lyonel Lebreton, en lisant l'interview de son dessinateur, Noterbel.
Comment êtes-vous devenu dessinateur ?
J'ai toujours eu un crayon à la main , mais jamais eu envie de faire de la BD mon métier. J'ai fait énormément de logo, de faire-part, de tee-shirts, etc. Vraisemblablement, dans un coin de ma tête, il y avait cette envie de sortir un album.
En dernière page de l'album, apparait la mention « achevé d'imprimer dans l'Union européenne pour le compte de Lyonel Lebreton ». Qui est votre véritable patronyme. Comment se déroule l'aventure de l'auto-édition en bande dessinée ? Pour information pour le lecteur, le tome 1 de La Fuite en avant : Histoire d'une pandémie, et le tome 2, Suite d'une pandémie, ont été tirée chacun à 500 exemplaires. Comment se passe l'avance de trésorerie, la diffusion, mais aussi la mise en page et toute la conception graphique ?
L'autoédition est très vite arrivée comme une évidence. Les maisons d'édition trouvaient la BD très sympa, mais pas dans leur ligne éditoriale et surtout la consigne de ne rien éditer par rapport à la pandémie ! Donc on se lance. On rencontre un éditeur qui vous aiguille sur un imprimeur et c'est parti. 500 exemplaires pour le tome 1, vendus en 15 jours. J'avais payé l'éditeur, ayant une trésorerie pour le faire. Pour le tome 2 (500 exemplaires) et la réédition du tome 1 (100 exemplaires), je rembourse lorsque j'ai les fonds. Pour la diffusion, mon réseau de copains, la famille et les deux librairies BD du Mans, j'ai dédicacé chez les deux.
Ce qui surprend le lecteur dans les deux albums, c'est certains rendus. Notamment les pages « Astérisques du chapitre ». On a l'impression d'un problème de scanner ou d'impression qui donne un aspect flou. On retrouve cela sur quelques planches, alors que les autres sont parfaitement nettes. À quoi cela est-il dû ?
Je ne suis pas content du rendu du tome 1. Tu as raison, il y a eu un problème de scanne que l'on ne retrouve pas sur le tome 2 et la réédition. Là, je ne maitrise rien. Erreur de l'imprimeur.
Vous remerciez “Lolo” pour les couleurs et la couverture. Pouvez-vous nous parler de son travail ? A-t-il fait la colorisation entièrement ? Le lecteur ne peut pas ne pas remarquer un décalage entre la couleur rouge du combi Volkswagen, qu'on croirait colorié au feutre scolaire, et d'autres zones coloriées numériquement. Pourquoi ce décalage ?
En ce qui concerne les couleurs et la couverture . Le mérite revient à mon pote Lolo qui, lui, maitrise l'outil informatique mieux que moi. Il a fait tous les fonds et aussi le lettrage des couvertures. Pour les couleurs des personnages, des véhicules… c'est vraiment un parti-pris que de le faire aux crayons de couleur. J'adore, et je trouve que ce décalage souligne le côté amateur de l'aventure. Les retours sont bons.
Noterbel semble être l'anacyclique de Lebreton. En est-il ainsi pour Druosel ?
Noterbel et Druosel sont bien des anacycliques. Cela ne fonctionne pas avec certains noms de famille !
Comment avez-vous rencontré Druosel, le scénariste, et comment avez-vous travaillé avec lui ?
Druosel et moi, nous nous connaissons depuis fort longtemps. Il a écrit, pendant la première pandémie, cette nouvelle qu'il envoyait à une dizaine de copains sous forme de chapitres agrémentés de photos ou de dessins. Puis il m'a contacté en me proposant de faire une BD de La fuite en avant. Pour le premier album, on a travaillé à deux dessus : story-board, découpage, dialogue… Mais le gros du boulot, je l'ai fait, car Duosel ne maitrise pas ou peu toute la technique d'une BD.
Comment travaillez-vous le dessin ?
Pour le dessin,… À l'ancienne, crayon, papier, gomme… Je ne veux et n'ai pas assez de connaissances pour avoir une tablette graphique. J'ai besoin de ce contact physique. D'entendre le crayon glisser, voire parfois crier sur le papier. Je ne vais pas faire le vieux con, mais où est le plaisir de bosser avec un ordi ? J'ai dédicacé avec Alexis Vitrebert dernièrement. Alexis a réalisé son deuxième album L'Espion d'Orient que sur ordinateur. Il est déçu. Premièrement, il s'est bousillé la vue à passer des heures devant son écran et deuxièmement, le monde requin de la BD lui demande des planches originales… Y'a pas ! Moi, je me fou de tout ce business autour de la BD. Je suis autoéditeur, je fais ce que je veux avec qui je veux. La BD n'est même pas un métier de smicard, NON, c'est un métier de crevard avec des profiteurs qui eux se gavent.
Combien de temps vous a demandé le dessin de l'album ?
Je m'amuse et j'amuse mes amis avec, je l'espère, une sortie annuelle. Le tome 3, qui finira La fuite en avant, est en écriture. Sortie prévue début 2025. Ensuite, je verrais, mon carton à dessin est rempli de scénarios. Mais je travaillerais en solo dorénavant.
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
Le pouvoir des réseaux. On a créé une page, un site La fuite en avant, j'ai retrouvé des copains du lycée, du basket, de vacances… un truc de ouf. Merci à vous de suivre les aventures de Loup et Doudou.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Aujourd'hui, mon travail est surtout celui d'un combat. Le cancer m'a rattrapé et on se bagarre depuis bientôt deux ans (avec des hauts et des bas). Mais dans ma tête, il y a un projet : l'histoire d'un hold-up…

Le 29 février 2024