Interview de Pietro B. Zemelo, à propos des Tournesols d'Ukraine : Échapper à l'invasion

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Les Tournesols d'Ukraine : Échapper à l'invasion, parue aux éditions Steinkis, en lisant l'interview de son auteur, Pietro B. Zemelo.
Entre cette interview et l'écriture de votre post-face, trois mois environ se sont écoulés. La première chose que l'on a envie de savoir après avoir lu le livre, et partagé les inquiétudes de votre famille, c'est si votre ami geek, votre oncle et votre tante, ainsi que votre père sont encore en vie, s'ils ont été appelés à rejoindre le front, où si certains sont venus vous rejoindre en Italie.
Je ne peux pas entrer dans les détails, mais ils vont plus ou moins bien (autant que faire se peut). Les oncles sont gravement blessés et mutilés à vie. Certains amis peuvent venir, d'autres non. La vérité, c'est qu'on leur a volé leur “bien-être” et que, certains jours, il semble inaccessible. Même lorsque la guerre sera terminée, il y aura encore des années de souffrance pour reconstruire, guérir et, espérons-le, cesser d'avoir peur du voisin violent. Quoi qu'il en soit, la première chose à faire est que les Russes s'en aillent et laissent les Ukrainiens libres de vivre sur leur propre terre, dans leurs propres maisons.
Dans Les Tournesols d'Ukraine, vous adoptez le principe du journal de bord, “jour: 30”, “jour: -190” etc. Ces chapitres sont disposés de manière non chronologique, et non anti-chronologique, le lecteur navigant incésemment entre la guerre et l'avant guerre. Comment avez-vous écrit votre scénario, de manière chronologique et vous avez ensuite modifié l'ordre, ou vous avez eu envie de raconter et le reste est venu naturellement, comme vous l'expliquez, ainsi que votre femme, dans le passage de la radio ?
J'ai fait les deux, en fait. D'abord, je l'ai écrit de but en blanc, comme ça venait, puis je l'ai corrigé et j'ai essayé de le réécrire chronologiquement aussi, pour être sûr de ne pas faire d'erreurs. J'ai modifié l'ordre de lecture de certains événements pour obtenir un meilleur résultat en termes d'implication émotionnelle, ce qui est pour moi la chose la plus importante ici.
Vous avez mis un an et demi à faire cette bande dessinée, et l'on peut voir dans Les Tournesols d'Ukraine que vous n'avez pas toujours eu la tête à la réaliser, car vous vous êtes mis en scène durant cette période. Se mettre en scène dans un récit est toujours un exercice compliqué, mais ici, vous l'avez fait sans avoir de recul sur la situation de vos amis, et de la famille de votre épouse. Comment avez-vous réussi à trouver la motivation pour écrire et dessiner ?
Cela m'a aidé à ne pas devenir fou. Même si je n'ai pas pu travailler pendant des mois, j'ai la chance d'exercer un métier qui me permet de creuser en moi, de traiter les événements et de leur donner une forme, même si elle est synthétisée et peut-être dépréciée. Le fait de pouvoir mettre en bande dessinée tout ce qui nous est arrivé a rendu la réalité un peu plus compréhensible pour moi, certains jours.
Dans la post-face, vous remerciez Federico Bertolucci, un collègue dessinateur Disney, comme vous, pour ses conseils donnés au sujet de vos dessins. Vous remerciez également le dessinateur et scénariste Frédéric Brrémaud pour ses instructions. Vous dites d'eux « Vous n'en avez peut-être pas conscience, mais vous avez tous deux joué un rôle fondamental dans la réalisation de cette bande-dessinée. » Pouvez-vous nous parler de ce rôle, des conseils et instructions ?
Bertolucci et Brrémaud (dont j'ai oublié une lettre du nom de famille, je m'en excuse !) sont deux auteurs exceptionnels que j'ai eu le plaisir de connaître pour des raisons différentes. Federico et moi avons travaillé pendant de nombreuses années à l'hebdomadaire Topolino (Mickey, ndt) en Italie et c'est là que nous nous sommes rencontrés, tandis que j'ai rencontré Frédéric en personne à Rapallo, lors d'une très belle foire, mais nous nous étions déjà écrit auparavant. Lorsque j'ai commencé à travailler sur le livre, j'ai demandé à Bertolucci de regarder mes dessins et de me dire s'ils étaient adaptés au marché français : au départ, ils ne convenaient pas du tout et il a fallu quelques semaines pour trouver le bon style. Ensuite, Bertolucci m'a dit de prendre contact avec Brrémaud pour s'assurer que ce que j'écrivais était bon, et c'est à ce moment-là que l'on m'a passé le contact de leur agent, Nicolas Grivel, qui a accepté de représenter le projet. C'est pour cela que je les remercie, ils m'ont aidé à trouver la bonne forme et les bons contacts qui ont conduit à la publication.
Vous parlez du marché français de la BD, est-il différent de celui italien ?
Sur les différences entre les marchés français et italien, c'est peut-être une chose à laquelle j'ai réfléchi avant d'y travailler. En tout cas, Bertolucci m'a aidé à trouver un style qui convenait à mon histoire.
Vous remerciez également les auteurs de bandes dessinées Nicolò et Mattia Surroz pour vous avoir aidé à prendre certaines décisions quant à votre storyboard. Quelles décisions avez-vous dû prendre ?
Nicolò est mon cousin et un médecin :) Les dessinateurs que je voudrais remercier sont Mattia Surroz et Stefano Zanchi, qui sont mes amis et mes collègues. Mattia m'a aidé à résoudre certains doutes sur le dessin et Stefano sur la couleur.
Vous remerciez également Giacomo Leonardo Carpani, votre assistant couleur. Quel a été son rôle, car en page de garde, votre nom est associé à la colorisation, comme au scénario et au dessin.
Giacomo a fait un travail rapide et excellent. Je suis très satisfait de lui.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
Un iPad avec Clip Studio Paint. J'ai ensuite effectué les dernières retouches sur un Mac avec Photoshop.
Sur quoi travaillez-vous actuellement et quels sont vos projets ?
En ce moment, je travaille sur un éventuel nouveau livre, sur d'autres histoires pour l'hebdomadaire Topolino en Italie et sur un certain projet dont je ne peux pas encore parler.
Le 2 décembre 2023