Interview de Roger Vidal, à propos de La Petite fille et le postman

Découvrez les coulisses de la bande dessinée La Petite fille et le postman, parue aux éditions Glénat, en lisant l'interview de son dessinateur, Roger Vidal.
Comment avez-vous rencontré le scénariste, Bertrand Galic ?
J'ai rencontré Bertrand virtuellement en 2018 lorsque Cédric Illand nous a mis en contact pour travailler ensemble sur le projet Fukushima. Je connaissais déjà le travail de Bertrand et j'avais lu deux de ses bandes dessinées, la décision a donc été facile à prendre.
Bertrand Galic vous a envoyé un scénario sous forme d'un texte, ou découpé planche par planche ? Avez-vous réalisé des navettes pour ajuster le début de la bande dessinée ? Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Ce que j'ai toujours aimé chez Bertrand, c'est qu'il s'implique beaucoup dans la bande dessinée et que son scénario a toujours été très technique et spécifique, disséquant chaque planche, mais d'un autre côté, c'est quelqu'un de flexible et il m'a toujours laissé la liberté de créer comme je l'entendais. La vérité est qu'il a toujours été très facile de travailler avec lui, et que son soutien et sa connaissance du média m'ont sans aucun doute permis de m'améliorer en tant qu'auteur. Notre façon de travailler est très simple, je reçois le scénario de tout l'album détaillé planche par planche avec les cadrages et les points de vue que Bertrand pense utiles à la narration et je le renvoie sous forme de pages crayonnées pour validation.
Ce qui marque dans cet album, c'est la "propreté" du dessin, qui rappelle certains cartoons. Le visage de Jenny, notamment les yeux, présente également des traits typiques des mangas. Comment avez-vous travaillé le graphisme de cet album pour obtenir cet effet ?
J'ai grandi en regardant des animés à la télévision et je pense que je ne peux pas m'empêcher d'avoir quelques influences inconscientes et conscientes de mes années plus adultes comme Otomo Urasawa ou Miyazaki, mais il est vrai que pour cet album j'ai eu beaucoup de liberté créative pour expérimenter et j'ai voulu en profiter. Je travaille entièrement en numérique, tant pour l'esquisse que pour le tracé et la couleur, ce qui simplifie grandement le processus, mais j'essaie toujours de rechercher une finition organique qui ne s'éloigne pas trop du travail traditionnel.
Vous utilisez quel tablette et logiciel ?
J'utilise un Huion kamvas pro 24 avec Clip Studio Paint et je suis très satisfait des deux produits.
Combien de temps vous a demandé La Petite fille et le postman ?
Il a fallu plusieurs mois avant que le projet soit approuvé et que je commence à dessiner, il fallait que le scénario soit terminé ! Pour ma part, environ 8 à 10 mois avec l'aide de ma fiancée qui s'occupe des aplats de couleurs.
Peut-on parler du rôle de votre fiancée, Christina G. ?
Christina est ma partenaire et m'aide avec les bandes dessinées depuis quelques années maintenant, c'est génial pour la communication ! Elle s'occupe des palettes et des aplats de couleurs et moi j'ajoute les éclairages et les textures. Ainsi, pendant que je continue à travailler sur le lineart, elle peut avancer sur la partie couleur.
Avez-vous une anecdote à propos de cet album ?
Pendant le processus de création de la BD, j'ai déménagé et le projet a été bloqué pendant quelques mois, mais j'étais déterminé à livrer dans les délais convenus. J'ai donc eu la tâche difficile de terminer 96 pages en l'espace de 5 ou 6 mois !
La Petite fille et le postman est annoncé comme un one-shot complet, mais la fin laisse le lecteur en pleine action. Nous ne pouvons que deviner, dans un sens ou dans l'autre, et l'ordre des deux dernières cases de la dernière planche suggère une fin tragique, ce qui pourrait être un effet scénaristique pour laisser le lecteur dans l'expectative avant le tome 2. Mais dans un one-shot, il n'y a qu'un seul volume. Pouvez-vous nous dire s'il y aura un tome 2, et comment vous et Bertrand Galic avez imaginé la fin ?
La question à un million de dollars ! À la fin de l'album, nous aimons tous Enyeto et Jenny et je pense qu'un bon moyen pour le lecteur de s'identifier davantage à l'histoire est de lui faire combler les lacunes. Il s'agit bien d'un one-shot mais pour ma part, j'aimerais bien continuer à accompagner ce couple dans leurs aventures, il faudra parler à Bertrand pour plus d'informations car c'est lui qui est à l'origine de tout cela.
Bertrand Galic : La Petite fille et le postman est effectivement un one-shot, un récit complet, avec un début et une fin. Un tremblement de terre et un grand incendie au début. Un nouvel incendie à la fin. En quelque sorte, la boucle est bouclée par ce procédé. Là où l'affaire se corse, c'est que la fin peut en effet être qualifiée d'ouverte… Le lecteur, dont on ne ménage pas les émotions, doit alors se projeter, faire preuve d'imagination. Il a le choix. J'ai délibérément choisi de lui laisser ce choix. Quant à dire aujourd'hui si Enyeto et Jenny vivront d'autres tribulations, c'est sans doute prématuré… Même s'il est clair que nous nous sommes vraiment attachés aux personnages avec Roger, et que nous pourrions donc être bien tentés par de nouvelles aventures à leurs côtés !
Quels sont vos projets actuels et futurs ?
Je travaille actuellement sur un livre sur Arsène Lupin et Sherlock Holmes avec Le Lombard et Denis Pierre Filippi sur le scénario, mais j'ai vraiment hâte de faire à nouveau équipe avec Bertrand.
Le 3 octobre 2023