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Interview de Victor Lepointe, à propos d'Ange Leca

Couverture de la BD Ange Leca

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Ange Leca, parue aux éditions Grand Angle, en lisant l'interview de son dessinateur, Victor Lepointe.

Comment êtes-vous devenu dessinateur de BD ?

Comme beaucoup de mes collègues qui font de la BD ou du roman graphique, je dessine depuis tout petit. Mais comme beaucoup aussi, on m'a dit « C’est bien, tu t'amuses bien, mais sinon, tu veux faire quoi plus tard en vrai métier ? » J’ai toujours dessiné, mais je ne pensais pas du tout en faire mon métier. À l’adolescence, étant originaire de la Marne, je me suis passionné pour la Première Guerre Mondiale. J’ai combiné ces deux passions ; dessin et histoire. Ce qui m’intéressait, c’était justement le vécu, et raconter une histoire. Après un DUT technique de commercialisation, j'ai fait une école d’infographie 3D parce que je voulais me rapprocher de l'image, et l'infographie, quand on aime l'image, c'est quand même le secteur où il y a du travail. Et le secteur qui embauche le plus, c'est l'architecture. Donc, je me suis retrouvé à faire un stage dans une boite d'architecture. Quand il a fallu que je trouve du boulot, j'ai trouvé tout de suite, parce que c'est un secteur qui embauchait beaucoup à l'époque, car le milieu s'ouvrait à des gens plus créatifs. C’était parfait pour moi, même si l’architecture ne m’intéressait pas. Je me suis formé au logiciel d'infographie. J'ai été embauché dans une boîte à Lyon. Au bout de dix ans, j'en avais marre parce que c'est toujours la même chose. Même si les architectes se disent créatifs, à la fin, ils présentent le projet à des maires dépourvus de culture graphique, qui ne veulent prendre aucun risque lorsque cela touche à leur portefeuille. Donc on se retrouve à faire des ciels bleus tout le temps, de l'herbe toujours verte, des gens toujours souriant, etc. Pour moi, c'était l’overdose totale. Cette représentation n’a aucune espèce de réalité. Il suffit de se promener en ville, les gens font toujours la gueule  ! En plus, il y avait ce management à l’américaine que je détestais, donc, je n'attendais qu'une chose, parce que je vis à la campagne, c'est qu'il y ait la fibre. Dès que j’ai été câblé, je me suis dit « Je m'en vais  ! » J’ai alors bossé à mon compte, ce qui m'a fait beaucoup de bien, parce que finalement, en étant dans cette boite, petit à petit, j'ai été spécialisé dans un domaine très particulier, c'est à dire les retouches finales sur Photoshop pour pouvoir faire en sorte qu'un rendu 3D sans âme, devienne un peu plus chaleureux, vivant. En devenant indépendant, j'ai pu reprendre tout le processus de création, de la modélisation, en passant par l’éclairage, jusqu’au rendu final... J'ai fait ça pendant quatre ou cinq ans, je ne sais plus. Et après, il y a eu le Covid, donc comme beaucoup de gens, ça a été une grosse remise en question. Parce qu'en fait, du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans boulot, à vivre des aides de l’état et de mes rares boulots d’illustration. C’était inconcevable pour moi  ! Et puis j’en avais ras le bol de l’architecture, d’autant que le dessin me prenait de plus en plus de place. Quelques années plus tôt, j’avais essayé de faire de la BD sans trop vouloir en faire. Je n’avais pas la confiance mais je gagnais en expérience. Et un jour, en rencontrant un petit éditeur sur Lyon, il m'a dit « Mais ce que tu fais est professionnel. » Je n'en avais pas forcément conscience parce que ça ne me plaisait pas totalement ce que je faisais. Et il m'a conseillé de proposer ça à un éditeur. J'ai réussi à trouver un éditeur qui était spécialisé en histoire militaire. Et vu que j’avais créé un récit sur la Première Guerre mondiale, ça a collé. On a fait deux albums ensemble, La Guerre des loups et Après l'orage, en 2021, sur lesquels, pour être franc, je n'ai pas gagné d'argent. C'était juste pour moi. Ça a été une super expérience parce que ça a permis de mettre un pied dans le monde de la bande dessinée. Quand je n'ai plus eu de boulot au moment du Covid, je me suis dit « C'est peut-être le moment d'envoyer à un vrai éditeur. » Et j’ai contacté Grand Angle, parce que j’aimai beaucoup ce qu’ils faisaient et que ce n'était pas très loin de chez moi. Il y a Lyon entre nous, mais ce n’est pas à l'autre bout de la France, pour un ours comme moi, c’est important  ! Un éditeur très humain m’avait-on dit,et ils avaient raison  ! Et du coup, je me suis dit « Je vais envoyer là, je risque rien ». C'est le premier éditeur à qui j'ai envoyé et deux jours après, Hervé Richez, le directeur de la collection, me rappelait pour me dire « Je pense qu'il faut qu'on travaille ensemble ». J'étais très étonné. On s'est tout de suite très bien entendus. Il m'a proposé rapidement trois scénarios. Et pour tout dire, je n’ai lu que le premier, parce que c’était exactement ce que je voulais faire, avec exactement la période historique qui m'intéresse, avec laquelle je suis hyper à l'aise, c'est à dire le début du siècle, grosso modo du Second Empire à la Seconde Guerre mondiale. Quand j'ai lu le scénario, j'ai aussi, et surtout, vu les personnages, je me suis dit « Il faut absolument que je dessine cette histoire, elle est faite pour moi  ! »

Comment s’est déroulée la communication avec les scénaristes ? Car avec deux scénaristes, c’est souvent plus compliqué qu’avec un seul.

D'abord, c'était nouveau, parce que les deux albums que j'avais fait avant, c’était pour moi. J'avais tout fait tout seul, y compris le scénario. Et c'est vrai que c'était une inquiétude au début qu’il y ait deux scénaristes. Déjà, moi qui n'avais bossé avec personne, je me suis dit « Avec deux, ça va être compliqué. » Et en fait, ils m'ont immédiatement mis à l'aise, parce qu'ils ont adoré mon dessin. Je voyais que graphiquement, on se comprenait. Donc ça, c'était super bien. Déjà, il n'y avait pas eu d'incompréhension là-dessus. Et en fait, rapidement, quand j'ai commencé à faire les planches, j’ai eu Tom par mail et au téléphone. Et c'est là où c'est intéressant, c'est que finalement, ils sont deux, mais ils ont des profils hyper complémentaires. Tom est quelqu'un qui a vraiment les pieds sur terre, il est créatif, mais très organisé. Il fait une histoire et sait qu’il faut qu'elle soit compréhensible. C’est important, il rassure. Il apporte beaucoup de choses sur les personnages aussi, je pense. Il est conscient que si les personnages ne sont pas attractifs, l'histoire ne se lira pas. Et puis il a déjà deux albums au compteur ; adaptation de son propre roman, donc il commence à bien connaître le médium. Jérôme, lui, c'est un peu le... Je rigole en parlant de lui parce que je l'aime beaucoup. Il est passionné. Il y a un mot qui doit le définir, c'est ça. Il est vraiment passionné par la période aussi. Donc on se comprend vraiment là-dessus. On a les mêmes goûts. Il est spécialiste, passionné de toutes les affaires criminelles de cette époque-là. C'est un fan de Sherlock Holmes. Il a beaucoup lu et travaillé sur Jack l'Éventreur. Il a fait d'ailleurs un jeu de société sur ça. Finalement, je n'étais pas en relation avec eux pour les mêmes choses, quand c'était pour le narratif, je parlais plutôt avec Tom et quand j'avais des questions au niveau documentation… C'était plus à Jérôme qui me renseignait. Au début, on se parlait surtout au téléphone et on a découvert WhatsApp une fois que l'album était terminé (rire).

L’éditeur annonce une histoire complète en un tome, ce qui serait dommage, car le scénario laisse plein de choses en suspens, et malheureusement, le lecteur sort quelque peu frustré de cet album.

Ça, c'est tout le problème. En fait, il faut revenir à comment un album est vendu par un éditeur, et un libraire aussi. Je parlais de ma modeste expérience d’étudiant en commerce, et là, on est en plein dedans. On ne va pas se mentir. Moi, quand j'ai lu le scénario, je me suis dit « C'est formidable, ils ont réussi à créer l'anti Tintin. » Un journaliste avec un chien, on pense immédiatement à Tintin. En tous cas, moi, j'y ai pensé tout de suite. Il paraît que Tom et Jérôme n'y ont même pas pensé quand ils l'ont écrit. Je me suis dit « Je n'y crois pas une seule seconde  ! » Or Tintin, on ne l'imagine pas en one-shot, ce n'est pas possible. Quand on crée un univers comme ça avec des personnages aussi forts, ça ne peut pas se tenir en un album et encore moins en 56 pages. Ca ne peut-être qu’une mise en bouche. Tom et Jérôme ont écrit un premier tome, totalement autonome, bien que frustrant apparemment mais cohérent, et ils l'ont présenté, je pense, comme ça, à Bamboo, en précisant qu’ils envisageaient une suite. Il y a peut-être du pragmatisme, et on peut aisément le comprendre, chez les éditeurs. C’est-à-dire, on fait un premier album, on attend de voir si ça marche. Si ça ne marche pas, on ne frustre pas les lecteurs et on ne leur a pas promis un tome 2 qui ne viendra jamais. Et si ça marche, on fait la suite. C'est exactement ce qui s'est passé pour Automne en baie de Somme, paru un peu avant nous, dans le même genre. Ils ont fait un premier tome qui a bien marché et là, ils sont en train de faire la suite. Et nous, je pense qu'on sera exactement dans ce cas de figure là. Tom et Jérôme ont déjà écrit le deuxième tome. En plus, je suis chaud bouillant puisque Ange devrait traverser l’Atlantique. Je n’en dirais pas plus, mais ça s’annonce dantesque graphiquement  ! Et puis les personnages sont tellement intéressants… J'ai pris un plaisir fou à les dessiner et je pense que ça se ressent dans l'album. La suite est dans les tuyaux, l’éditeur est content du premier, donc je pense que toutes les cartes sont là pour que ça se fasse. Il faudra juste s’armer de patience puisque j’ai signé deux contrats en arrivant chez Bamboo. Ange Leca, ainsi qu’un album de Pagnol, César, le dernier de la trilogie. Donc le hic, c'est que moi, je suis sur César maintenant, et j'ai quatre-vingts planches à tomber et on ne pourra pas donc enchaîner maintenant. Il faut voir le bon côté des choses ; l’album aura le temps de mûrir et n’en sera que plus riche. Cette fois, de concert avec l’éditeur, il faudra organiser la suite et ne pas trahir, entre guillemets, le lecteur sur l’intitulé.

Combien de temps vous a demandé Ange Leca ?

Une petite année. C'est complètement nouveau pour moi parce que ça n'avait jamais été ma profession à part entière. Je n'avais aucune idée de comment je pouvais travailler. Et en fait, apparemment, je suis dans la norme. Ouf !

Comment travaillez-vous, avec une tablette, en traditionnel, en mixte ?

Pendant longtemps, quand j'étais gosse, je dessinais en noir et blanc, je ne faisais jamais de couleur. Parce que je ne comprenais rien à la couleur, et ça ne me semblait vraiment trop ardu. J'ai toujours détesté les mises en couleur des albums de mon enfance. Cette mise en couleur commerciale, presque inutile, voire contradictoire avec le dessin. Pour moi, ça gâchait le travail ! En devenant infographiste, il y a une période où je n'ai plus dessiné du tout. J’ai rangé les feutres, mon encre de chine et mes pinceaux. Mon quotidien, c'était la tablette graphique, plutôt que le crayon et le papier. Ce qui fait qu'aujourd'hui, c'est plus naturel pour moi de travailler sur une tablette écran. Parce que quand on parle de tablette graphique, il y a tablette déportée, et tablette écran. Et le dessin, il y a quelque chose de cérébral, il faut que le crayon touche directement le support, c'est impossible de faire un truc graphique autrement. Il y a des gens qui y arrivent, mais pour moi, c'est impossible. Donc, en m’appropriant le matériel, en faisant en sorte que Photoshop devienne mon quotidien, j'ai pu commencer à faire de la couleur. Là encore, je suis arrivé au moment où le logiciel et le matériel avait acquis la maturité et la finesse nécessaire. C’est important car sans ça, l’ordinateur ne sert à rien. Il n’est pas une fin en soit, il est un outil comme un autre et en l’occurrence, le meilleur outil pour moi. Et là, en fin de compte, la couleur est devenue pratiquement ma marque de fabrique et mon leitmotiv pour le dessin. Et puis surtout il y a eu la découverte d'un album en particulier, c'est Muchacho d'Emmanuel Lepage. Pourquoi ? Parce que tout ce que j'avais vu avant en couleur, en BD, n'apportait rien du tout. Mais quand j'ai vu son travail, je me suis dit « Waouh  ! » Là, la couleur apporte quelque chose et crée une ambiance. » Ce qui m'intéresse vraiment, c'est raconter des histoires et faire en sorte que ce dessin soit au service de l'histoire et créer une ambiance. Quand j'ai découvert que la couleur pouvait me permettre de faire ça, je me suis dit « C'est top, c'est génial, c'est vraiment ça que je veux faire », et ça m'a motivé à me lancer et à dire OK, là, je peux raconter des histoires parce que mon but, c'est ça, c'est de prendre la main du lecteur et de le plonger vraiment dans l'histoire. Et au-delà de ça, cette obsession influence mes cadrages, c'est à dire que je me refuse, à part quelques vignettes où je ne peux pas faire autrement, à faire des cadrages en vue aérienne ou des contre-plongées tarabiscotées, des choses comme ça, parce que pour moi, tout doit être vu à travers les yeux du lecteur. Le personnage, donc le lecteur, n'a pas un drone ou un hélicoptère pour d'un coup prendre 20 mètres de haut, donc il est à sa hauteur à lui. Et je pense que ça aussi, ça aide à créer l'ambiance. Il y a d’ailleurs une case comme ça qui est emblématique dans l'album Ange Leca. La case où Emma marche pieds nus sur le parquet. Cette cage-là, au lieu de le faire à travers les yeux d'Ange, parce que ça aurait été finalement le chemin le plus court mais sans intérêt, je l'ai fait du point de vue de Clémenceau, qui est un chien. Donc à la fois, c'est un côté drôle parce qu'on voit les jambes d'Emma à travers ses yeux à lui, de chien, et puis ça renforce un peu le côté charme, romantique. Ça plonge le lecteur, forcément, dans le réalisme, dans l'ambiance.

Dans cet album, il y a beaucoup d’architecture, quelques véhicules d’époque. Comment avez-vous mené la partie de recherche autour du graphisme ?

Comme beaucoup de dessinateurs, mais il y en a qui ne veulent pas forcément le dire, l'outil informatique permet aussi de travailler en calque, c'est à dire d'utiliser des photos. C'est vraiment ma marque de fabrique. J'utilise énormément de photos, de dessins, de croquis, de peinture, de plans ; bref, ce gloubiboulga informe me sert de pâte, qu’il faut ensuite modeler. Ce qui est génial pour cette période-là, c’est qu’on a déjà des photos, donc c'est impeccable. Autant s’en servir. Surtout la crue, parce que c'est un des premiers faits divers qui a été autant photographié. La situation était exceptionnelle et le réclamait. La presse était en pleine ébullition, il y avait des tonnes de journaux et il y avait l'outil, la technologie était là pour le faire. En fait, il y a une combinaison de plusieurs facteurs qui font qu'on est inondé, c'est le cas de le dire, de photos sur la crue de 1910. La photo permet d'avoir une base, mais le problème c'est que la photo en noir et blanc est capricieuse et ce qui est dans l'ombre ressort totalement noir. Or j'ai banni le noir de mon dessin, c'est à dire que même ce qui est dans l'ombre a quand même une structure et une couleur. Donc, il faut arriver à reconstituer les parties manquantes, dans la photo. Il faut ensuite déformer les perspectives, ajouter du dynamisme dans des clichés souvent très posés et plats. Donc, des fois, il faut faire un sacré boulot.

Ange Leca a un faux air de Johnny Depp, est-ce voulu ou une coïncidence ?

Quand j’ai lu le scénario, je ne suis même pas allé jusqu'au bout. J'ai lu le premier tiers de l'album et là, dans ma tête, je me suis dit « Ange Leca, c'est Johnny Depp ». Parce que finalement, je suis de la génération où j'ai grandi avec cet acteur-là. Et puis je suis vraiment fan de l'acteur, de son travail, de sa filmographie. Je trouve qu'il a du génie. Johnny Depp, c'est ce mec qui ne cherche pas à être beau, mais qui l'est quand même. Il a une belle gueule, il faut le dire. Mais il est tout le temps en train d'essayer de s'en dédire. On l'imagine forcément torturé. Il y est pratiquement dans tous ses films. Il a énormément de failles. Ce n'est pas non plus le mec baraqué qui va foutre un bourpif à tout le monde. En fait, il colle exactement à Ange Leca. Au début du tome 2, il est en Corse, il est vraiment totalement déprimé, donc il va avoir une barbe. Et après, il va se raser et va avoir la même évolution au niveau pileux que Johnny Depp dans sa carrière… C’est totalement assumé et revendiqué même. Ppour Emma, c'est aussi une actrice américaine, Rose Byrne. C'est une actrice qui est très belle, mais elle a aussi un regard fuyant et intriguant, ce qui collait super bien avec le personnage. Après, des fois, je me sers aussi simplement d'acteurs pour la structure du visage. Au-delà d’un visage, qui en soit ne veut pas dire grand-chose, c’est une attitude que je recherche. En cela, les acteurs sont une grande source d’inspiration.

Avez-vous une anecdote relative à Ange Leca ?

Il faut savoir que je n'ai jamais fait de storyboard. C'est à dire que l'album, je l'ai fait comme ça au fur et à mesure et je n'ai pratiquement eu aucun retour, que ce soit de l'éditeur ou des scénaristes. C'est un petit exploit parce que ça s'est trouvé comme ça, mais génial à la limite. À part quelques cases que j'avais retouchées ou autres, mais vraiment des choses à la marge. On parlait de Johnny Depp, de films… j'ai eu l'impression de faire un film, d’en être le réalisateur. Je suis maître de mes cadrages et j’ai une grande liberté, jusqu’au bout, pour ainsi dire. Je pense que ça se ressent aussi dans l'album. Le petit exploit, il est là, c'est que je n'ai jamais fait de croquis. Je ne me comparerai surtout pas à des pointures de la BD dont le dessin est instinctif, ce n’est pas mon cas, c’est laborieux le plus souvent mais justement, parce que je travaille avec plein de photos, avec ma patte comme je l’ai appelé, présenter un crobar, c'est un peu inutile parce que ça va peut-être être à des années-lumière de ce que je vais faire en définitive. Par exemple pour les attitudes, je travaille beaucoup avec Internet, quand je dois faire un mec étonné qui lève les bras, je ne suis pas comme certains dessinateurs qui l'ont tout de suite en tête et qu'ils redessinent très bien. Moi, je vais me manger des dizaines, des vingtaines, des trentaines de photos d'attitude à peu près similaire, jusqu'au moment où je trouve une photo et que je me dise « C'est exactement ça  ! »

Le 18 mai 2023