Interview de Gabriele Di Caro, à propos du Fruit le plus doux, partie 1

Découvrez les coulisses de la bande dessinée Le Fruit le plus doux, partie 1, parue aux éditions Taboo, en lisant l'interview de son auteur, Gabriele Di Caro.
Comment vous est venue l'idée du Fruit le plus doux ?
Depuis plusieurs années, j'achète des fruits et légumes dans un jardin près de chez moi, qui vend des produits de saison. Un jour, en dégustant une figue fraîchement cueillie sur un arbre, je me suis émerveillée de sa bonté. Ma compagne, qui me connaît bien, a fait une blague en jouant sur le mot figue qui, en italien, a aussi le sens de « belle femme », « organe génital féminin ». La phrase était : « Il tuo albero perfetto sarebbe un albero di fiche » (Ton arbre parfait serait un figuier) ! À partir de là, j'ai commencé à imaginer des histoires courtes mais comiques autour de cet arbre. À cette époque, j'écrivais également une histoire se déroulant dans les années 1950, dans laquelle je voulais aborder le thème de l'évolution d'un personnage en fonction des choix qu'il fait lorsqu'il se trouve à la croisée des chemins. Il s'agissait d'une histoire racontée dans un contexte réaliste, mais comme vous l'avez déjà vu dans mes autres livres, j'aime y inclure des éléments fantastiques et métaphoriques. D'où ma décision d'amalgamer plusieurs idées.
Vous nous révéliez dans l'interview à propos de Sous le Paradis1 que Le Fruit le plus doux serait en deux tomes. Pourquoi ce choix de deux volumes, quand on sait que l'on tend à perdre une part du lectorat d'un tome à l'autre et que le tome 1 ne fait « que » 64 pages ?
À l'origine, il était prévu qu'il s'agisse d'un oneshot, mais en réalité, il a été conçu pour un seul volume d'environ 120 pages. J'ai été confronté à des choix éditoriaux, comme le fait qu'un lecteur préfère dépenser peu à la fois plutôt que de payer le prix fort pour un volume plus important. Je ne ferai toutefois pas de commentaires à ce sujet, car je n'en sais pas assez. Cela a été un gros travail de devoir le diviser et l'adapter à deux volumes ; ce n'était pas du tout une réécriture facile. J'espère toutefois que les lecteurs seront incités à lire le deuxième et dernier volume.
Contrairement à Sous le paradis, qui proposait une dizaine d'histoires courtes et obligeait donc à une entrée en matière rapide, Le Fruit le plus doux est une histoire longue qui prend le temps de s'installer et l'on peut souligner que les scènes pornographiques s'installent avec l'histoire, sans hâte, et en suggestion au début. Comment avez-vous gérez l'intensité et la fréquence de ces scènes dans le scénario ?
J'essaie de ne pas inclure de scènes érotiques gratuitement, comme dans Les Arcanes de la Maison Fleury, mais toujours avec l'intention de les intégrer à l'histoire et au développement des personnages.
Comment avez-vous abordé le scénario, qui se passe dans les années 50 aux USA ? Avez-vous eu un souci d'authenticité par rapport aux mœurs ? Car c'est une époque où le côté très prude en public laissait souvent la place à un côté nettement plus déluré en privé. Cette ambivalence étant parfaitement incarnée par le personnage de Nancy.
Comme pour chaque projet que j'aborde, je fais des recherches, j'étudie des livres, des manuels, des films, des séries télévisées, etc. Sans compter que j'ai toujours été fasciné par cette époque qui a produit des chefs-d'œuvre cinématographiques. L'un de mes réalisateurs préférés, si ce n'est celui que je préfère, est Billy Wilder. Pour répondre à votre autre question, j'aime le contraste comme vous l'écrivez, avec le côté pudique et ce qui se passait loin des feux de la rampe.
Page 51, case 5, les lecteurs vous suivant sur Instagram auront reconnu un dessin que vous avez partagé il y a quelques temps. Est-ce un jeu de vous identifier ainsi au peintre ou y a-t-il une autre signification ?
Absolument pas, ce dessin faisait en fait partie des études pour ce projet. Il s'agissait de se familiariser avec certaines lignes, le design des personnages, etc. Les plus cultivés reconnaîtront dans le torero, Marylin Monroe elle-même, qui a posé pour un shooting en costume de torero.
Combien de temps vous a demandé, au total, l'album ?
En comptant la recherche, l'écriture, l'étude des décors, des personnages et la réalisation de l'album, environ un an.
Avez-vous une anecdote relative à cet album ?
J'ai quelques anecdotes, mais ce sont des anecdotes à raconter autour d'un verre de vin. Trop scandaleuses ;)
Qu'est-ce qui attend le lecteur dans le tome 2, et quand sortira-t-il ?
Il y aura deux rebondissements, une affaire qui sera résolue et une plongée dans la mythologie d'un peuple ancien. Je prévois de le terminer d'ici la fin de l'année 2025.
1 Interview de Gabriele Di Caro, à propos de Sous le Paradis
Le 11 février 2025